"L'après commence..." a tweeté hier soir Nicolas Barré. Le directeur de la rédaction des Echos faisait référence à la Une du quotidien de ce mardi, consacrée à la motion de censure évitée de justesse par le gouvernement. Mais, consciemment ou non, il évoquait aussi sa propre situation au sein du journal économique. Selon les informations de La Lettre A, l'actionnaire du Groupe Les Echos-Le Parisien, Bernard Arnault, a décidé de destituer Nicolas Barré après dix ans de règne. L'annonce n'a pas encore été faite à la rédaction.
Son numéro 2, François Vidal, devrait le remplacer. Son profil est jugé "moins indépendant" par plusieurs de nos sources au sein du journal. La rédaction dispose toutefois d'un droit de veto quant au choix de son directeur.
Résultats historiques pour Les Echos
Le patron de LVMH, Bernard Arnault, semble reprendre en main le quotidien libéral. Ses relations avec Nicolas Barré étaient tendues ces derniers mois au sujet des choix éditoriaux. Auparavant, le directeur de la rédaction des Echos week-end, Henri Gibier, a, lui aussi, été remplacé fin février, par Jean-Francis Pécresse, l'ex-patron de Radio Classique (elle aussi propriété du magnat du luxe, LLA du 08/07/22).
Le timing peut surprendre. Difficile en effet d'interpréter l'éviction de Nicolas Barré comme une sanction pour des résultats insuffisants. Pour la première fois depuis leur rachat par LVMH en 2008, Les Echos ont atteint l'équilibre en 2021. Le journal a notamment mené une stratégie offensive sur le numérique : il comptait fin 2022 plus de 72 000 abonnés en ligne, un chiffre multiplié par 12 en quatre ans.